CENI : Denis Kadima, sur les pas de Naanga ? Plus de 80% des cadres et agents attendent encore et toujours leurs arriérés de salaire !

Les mouvements financiers autour de la centrale électorale défrayent la chronique ces derniers jours dans les médias. Après l’altercation entre le Ministre des Finances Nicolas Kazadi et le patron de la CENI, Denis Kadima, sur l’acquisition du charroi automobile pour la nouvelle équipe de la CENI ; et l’entrée en scène de l’Inspection Générale des Finances, ce matin, c’était le tour de l’Observatoire de la Dépense Publique de tirer la sonnette d’alarme sur un écart de 67,2 millions entre le versement effectué par le Ministère des Finances et les traces de ce décaissement au Ministère du Budget (à lire dans notre prochaine livraison).
Le Président de la CENI, Denis Kadima avait annoncé, avec pompe le 10 décembre dernier, l’apurement des arriérés de salaires de 2019 à la centrale électorale. Malgré cette annonce et le décaissement de 10 millions de dollars reçus pour régler ce litige, la situation demeure une fiction pour la quasi-totalité des cadres et agents bénéficiaires. Jusqu’à présent les agents ne sont pas payés.
Si l’ancien bureau de Naanga ainsi que leurs cabinets se sont tapés 10 et 8 mois d’arriérés, les cadres et agents de Kinshasa ont tout de même bénéficié de leurs 4 mois et demi avec un taux de change minimaliste de 1700 FC en décembre 2021. Le reste des agents sont livrés à l’anomalie du listing.
La problématique de listing de paie
Alors qu’il n’y avait pas une communication officielle, surgit le problème de listing dans lequel certains noms seraient omis. Argument très étrange dans la mesure où depuis janvier 2020 les banques commerciales paient les cadres et agents de la CENI sans problème même si cela s’effectue avec une ponction d’au moins 60% de leurs salaires contractuels.
Dans cette foulé de normalisation des listes, le silence gagne les nouvelles autorités. Certains cadres et agent ont dû se comporter en syndicat de fortune pour faire bouger les lignes. Résultat : les rares agents, choisis isolement dans les provinces du Haut-Katanga, Nord-Kivu, Tshopo, Ituri, Kwilu, ont finalement touché leurs arriérés de salaires trois semaines après la première vague. Il s’est en suit un blocage de l’engrenage sur le paiement des arriérés d’autres provinces avant qu’un silence sournois ne s’installe entre l’équipe Denis Kadima et les agents.
Le silence continue de l’équipe Kadima
Le syndicat de fortune n’aura été que d’une courte durée. Les agents volontaires se sont éclipsés devant les interminables vraies fausses réunions d’harmonisation des listes et l’inaction des nouvelles autorités à ce sujet. La situation des arriérés des agents est restée indemne ; et aucune communication de l’équipe Kadima ni du nouveau Secrétaire Exécutif National malgré que l’État Congolais eût décaissé la faramineuse somme de 10 millions de dollars américains pour régler les arriérés.
Ce silence de l’équipe Kadima a laissé libre cours aux rumeurs et spéculations dans les couloirs de l’immeuble de l’ancienne Nouvelle banque de Kinshasa jusqu’aux offices de différentes provinces. Tantôt, c’est l’éternel problème de listing de paie qui se pose ; de fois, c’est le manque de liquidité dans les banques commerciales censées assurer cette paie. Puis finalement, il n’y a pas d’argent !
Le show révélateur du Ministre des Finances
La sortie médiatique fracassante du Président de la CENI, au cours de laquelle, il pleurnichait sur son autonomie administrative et financière lui volée par le gouvernement ; et la réplique révélatrice de Nicolas Kazadi, sur le décaissement en faveur de l’apurement des arriérés de salaire des agents et cadres de la CENI, a surpris plus d’un fonctionnaire de cette institution d’appui à la démocratie.
Nicolas Kazadi a affirmé avoir servi 10 millions de dollars américains à la CENI dans le cadre d’apurement des arriérés de salaire des agents et cadres. Une révélation qui met en mal le nouveau bureau de la CENI face aux doléances de ces agents, dont la quasi-totalité demeure impayés à ce jour.
Par ailleurs, intervenant dans les médias pour répliquer aux allégations de surfacturation du charroi automobile pour la nouvelle équipe, Patricia Nseya, Rapporteure de la centrale électorale, a affirmé aux médias que la « CENI reconnaît avoir reçu » du gouvernement des fonds pour la rémunération et le fonctionnement. Mais qu’elle réclame son autonomie administrative et financière et qu’elle n’a toujours pas été en possession de la dotation pour les opérations.
Notons que, deux mois après l’annonce pompée de Denis Kadima sur les arriérés de salaire de 2019, plus de 80% de cadres et agents des démembrements de la CENI n’ont toujours pas touché leurs dus. En dehors des arriérés de 2019, ces cadres et agents attendent le salaire de mois de janvier 2022 qui ne vient toujours pas. Pendant ce temps, certains n’ont pas encore été payé depuis le mois d’octobre 2021
Alain St. Bwembia